C’était comme une musique, comme un appel. Je l’entendais en moi, me guidant vers lui comme un chant de sirène ou la lumière d’un phare. En pleine nuit, je me suis mise à lui courir après, laissant tomber mon sac à mes pieds, m’accrochant à son dos, les yeux déjà baignés de larmes. Peu importe la douleur, la mort, le sang, sa vie était devenue la mienne...
Je m’effondrais à genoux, lui tenant les jambes, ma peau rougissant sous les griffures du sol, mais la douleur était bien moindre que celle qui me serrait le cœur, celle qui avait fait naître d’un simple baiser sanglant, blessant et excitant à la fois. Il m’avait fait sienne d’un seul regard, m’avait donné une nouvelle vie, un but, une envie de vivre que j’avais autrefois perdue. Peu importe ce que je devrais donner, perdre, offrir, ce ne serait toujours rien comparé à sa présence, sa chaleur, ses mots et son sourire.
Il s’est retourné lentement, ses yeux noisette glissant sur moi, un regard que je n’osais même pas croiser. S’accroupissant à ma hauteur, il m’a enserré de ses bras, glissant son visage dans le creux de mon cou, une main posée avec douceur dans mes cheveux, l’autre m’emprisonnant la taille et comme une enfant je m’accrochais à sa chemise neuve au parfum si agréable. Sentir son cœur battre contre moi, c’était ça qui me retenait à la vie.
♥♥♥
Comment en est-on arrivé là tout les deux ? Je ne sais pas.
Il y a trois mois, il est arrivé comme une fleur dans notre établissement, jeune étudiant Américain venant apprendre dans notre pays la langue et les coutumes Françaises : Maligan Domaine…. C’était le nom qu’il nous avait donné. Rien que sa présence avait fait jaser, ses cheveux bruns, son corps athlétique, sa démarche sûre, sa peau rosée et son regard brillant lui donnant un charme des plus nobles, sans compter son bel accent charmeur. Les filles ne l’avait pas quitté des yeux, et moi non plus, rien que sa présence semblait embellir la classe. Le fait qu’il était étranger ne devait pas y être pour rien. Il semblait bon élève, écoutant le cours, prenant des notes, participant dès son arrivée. Il est devenu en peu de temps l’un des idoles du lycée, que se soit pour ses aptitudes sportive et scolaire, ou pour sa gentillesse et sa bonne humeur. Il ne lui fallut pas longtemps pour être déjà harcelé par des demandes de sortie, d’un soir ou pour la vie, de diverses filles de l’école, des demandes qu’il refusait toujours poliment.
Il fallait se rendre à l’évidence, j’étais loin d’être la fille à qui il pourrait dire oui. Plutôt pauvre, brune, petite, d’apparence banal, à lunettes et sans don particulier. Loin d’être populaire, j’étais même plutôt solitaire. La seule personne avec qui j’avais des liens dans et hors de l’établissement n’était autre que ma voisine de table, Eloïse, une miss étrange qui vouait son temps libre aux divers livres fantastiques ou de science fiction.
Etant dans la même classe que lui, nous avions toujours les mêmes cours, les mêmes pauses, et c’est en sport qu’il s’intéressa la première fois à moi. Je n’ai jamais était douée en sport, et encore moins au Volley qui me laissait d’énormes traces rouges sur les bras. Je n’arrivais jamais à viser avec les poings, le ballon rebelle, digne d’un boulet de canon, venait toujours me taper les avant-bras. Bon sang, a quel point j’ai haïs ce sport à qui je dois, pourtant, le premier regard de Maligan…
Le gymnase avait était découpé en trois terrains de volley et l’équipe dans laquelle je jouai à eu droit à celui du milieu. Loin d’être une chance, s’était désagréable, les ballons perdus des deux autres terrains venait parfois se perdre dans nos pieds, nous obligeant sans cesse à s’interrompre. Leurs balles n’étaient pas les seules à se perdre, lors d’un rattrapage raté, j’en envoyais un vers l’autre terrain, sous les regards fâchés de mes coéquipiers. Et oui, j’étais désespérante en sport… Sourire gênés en coin, je me précipitais vers celui-ci pour le récupérer sans faire attention aux joueurs, sans les obliger à arrêter leur jeu. Etais-je suicidaire à ce point?
Tout c’était passé si vite… N’ayant fait attention à ma présence, ils avaient continué le jeu, renvoyant l’un de ces maudit ballon blanc en plein dans ma direction. Je m’étais aussitôt figée sur place, j'ai fermé les yeux, me suis protégée avec mes bras, mais je ne sentis pas la douleur frappante de la balle, juste un bras passé autour de ma taille, un corps chaud derrière moi et entendu un léger "pouf" de ballons stoppés… Puis des rires et des bravos. Redescendant mes bras, ouvrant de nouveau les yeux, je vis le ballon qu’il tenait d’une main, une main identique a celle posée sur moi. Je suivis des yeux ce bras musclé a la peau rosé pour voir à qui je devais ce sauvetage, rougissant de plus en plus en suivant les courbes de son corps jusqu'à son visage d’Apollon: Maligan.
Je n’osais même plus parler, plus bouger, figée comme une poupée de cire dans ses bras, son visage sérieux étant à la fois intimidant et attirant. J’étais déjà tombé sous le charme….
Il tourna la tête vers moi avec un sourire agréable, je fus totalement incapable de lui répondre tandis que mon équipe arrivait pour m’enguirlander de ne pas avoir fait attention et l’amadouer de nombreux «yaho trop fort» et j’en passe. Il me relâcha lentement et je me rendis compte à quel point je m’étais sentit à l’aise dans ses bras, loin du froid et de la solitude qui m’envahissait désormais.
Le professeur arriva pour nous rappeler à l’ordre, de toute façon, il était l’heure de rentrer au lycée. Tandis qu’ils se dirigeaient tous vers les vestiaires, je ne bougeais toujours pas, me sentant vide, exclue….
- Il t’a envouté ou quoi?
Je sursautais en entendant sa voix, surprise, puis me tournais vers mon amie, rougissant davantage:
- Pas….pas du tout!
Elle se mit à rire gentiment, me prenant par le bras pour m’emmener dans les vestiaires:
- Je suis sûre que tu n’es pas la première à qui il fait ça! En tout cas, il est balèze comme gars, arrêter le ballon de Steve d’une seule main!
Je me laissais tirée plus que je ne la suivais. Steve était le plus sportif de la classe et j’aurais bien aimé qu'il soit mon âme-sœur, mais ça, c’était impossible. Il sortait avec cette imbécile de Mégane…