Milan. Capitale de la mode. Voici la destination du dernier voyage scolaire pour les étudiants du Black Velvet. La réception de cette nouvelle tant attendue fut chaudement accueillie par les adolescents, et ce, tout principalement par la gente féminine. Quitter l’humidité et le ciel grisâtre de Londres pour une charmante ville italienne chaude et trépidante plaisait également aux professeurs, à l’exception de Victoria Gomez, même si ceux-ci se doutaient que surveiller les élèves deviendrait un emploi excessivement épuisant pendant ce périple de trois jours.

Pendant les deux semaines qui avaient précédé le départ, ç'avait été un véritable branlebas dans l'établissement. Les élèves étaient distraits en classe, et les professeurs, rêveurs, ne valaient guère mieux que leurs jeunes pupilles. Le voyage ne devait durer que trois jours. Trois jours qui seraient remplis de curiosités, d'escapades et d'occasions nouvelles. Bien sûr, il y aurait les visites obligatoires prévues par le cursus scolaire - il fallait bien le justifier ce voyage - qui plairaient moins aux élèves, mais l'hôtel, le paysage, le sang neuf... Les chambres des jeunes filles étaient sans dessus dessous, leurs vêtements éparpillés sur les lits et autres meubles pour essayer de voir ce qui devait à tout prix entrer dans la valise : on ne pouvait pas visiter Milan habillée n'importe comment.

Le jour J pointa enfin le bout de son nez, soulageant l’attente pour tout le monde. Des autobus vinrent les chercher à l’école pour les mener à l’aéroport, d’où un avion les mena vers d’autres autobus, cette fois en Italie. Dans quelques heures à peine, ils pourront déposer leurs valises à l’hôtel et prendre possession des lieux.

MEMORANDUM

- Cette étape de l’évènement durera trois semaines réelles.
- Vous pouvez répondre dans l’ordre qui convient.
- Les réponses doivent être fluides et rapides, comme un sujet de flood.
- Ne vous attardez pas sur de longues descriptions.
- Privilégiez les dialogues et les actions.
- Le narrateur interviendra une fois par semaine pour résumer et/ou relancer l’action.
- Si vous désirez élaborer plus un évènement, créez un sujet privé avec d’autres joueurs, toujours dans la section évènement. Le sujet commun ne doit pas être ralenti.

Code par Mehdielz.

Elle aurait pu espérer que l'avion ait calmé les ardeurs des étudiants, mais Victoria devait plutôt constater que plus ils approchaient de leur destination, plus ils étaient surexcités. Ils venaient enfin de tous s'asseoir, mais elle savait que dès qu'elle même serait assise, face à la route, tout le monde se mettrait à changer de place pour aller discuter avec l'un ou avec l'autre. Les voyages scolaires n'avaient pas changé depuis le temps où elle-même allait à l'école.

« Et j'en voie un qui s'excite un peu trop, je le cloue au pare-choc de l'autobus, c'est bien clair ? »

Hormis le chauffeur, ils étaient deux adultes pour surveiller les adolescents qui se trouvaient dans leur autobus. Elle pouvait les laisser chahuter, tant que le chauffeur ne se plaignait pas, et que personne n'avait de comportement dangereux, elle n'aurait pas à intervenir. Elle parcourut l'allée une dernière fois pour vérifier que tout était en ordre et alla s'asseoir à l'avant près de son collègue, Moho Ferglissens.

- Je payerais pour voir ça. Ricana Léandre en français entre deux morceaux de Metronomy avant de se replonger dans la lecture de son passionnant manuel sur les institutions et le droit de l'Empire romain rédigé dans la langue de Molière. Tranquillement assis derrière les deux profs, le casque rivé sur les oreilles, le blondinet semblait bien être le seul à ne pas partager l'euphorie générale des élèves. Toutefois, la question la plus infantile au monde trahit son impatience :
- Au fait, quand est-ce qu'on arrive ?

Cela ne faisait par longtemps qu'elle était arriver en Angleterrre mais elle avait pu s'inscrire au voyage à Milan et elle en était ravie. Quand elle avait dit cela à Ritsuka, celle-ci avait hurler un "quoi ?" dans son oreille avant de dire qu'elle avait beaucoup de chance. Yumi avait parfaitement imaginer la tête qu'elle avait du tirer à se moment-là ...

Et maintenant, là voilà en route pour Milan. Ce n'était que pour 3 jours mais c'était la première fois qu'elle y allait alors, elle était un petit peut excité. Elle se trouvait derrière Victoria, Moho et Léandre et écoutait ce qu'ils disaient tout en lisant un livre sur Milan évidemment. Un guide touristique mais elle avait, évidemment plusieurs autres livres dans ses bagages. Elle voulait savoir aussi. Elle sourit doucement et taquina gentiment Léandre :

"Impatient de mettre le pied à Milan Léandre ?"

Il avait enlevé son casque dans l'espoir qu'un des deux profs lui réponde et remarqua que Yumi était juste derrière lui. Se retournant sur son siège, il répondit :

- Bin j'aurais préféré Rome ou Pompéi mais je crache pas sur Milan non plus. Ceci dit vu le chahut ambiant j'ai l'impression d'être enfermé dans une cage à singes alors bon j'essaye de savoir si ça vaut le coup d'attendre ou s'il vaut mieux que je me jette sous les roues du bus maintenant.

Ce voyage était une malédiction. Non seulement, c'était trois jours sans cours qu'il aurait pu passer à la maison, dans son petit monde. Mais on lui avait forcé la main pour le voyage, prétextant que ça serait bon pour lui. Et voilà qu'Abriel se retrouvait dans un bus bondé de ce qu'il détestait le plus au monde : des petits bourges surexcités ... et bruyants.

Dans l'avion, il avait piqué le iPod de Délia. Là, il venait d'aller se réfugier à l'arrière du bus, les écouteurs bien enfoncés dans les oreilles, et essayant d'oublier le fait que Délia avait des goûts musicaux assez discutables.

[Ne prenez pas exemple sur la longueur de mes postes]

C’était impossible. Impossible qu’elle ait oublié sont Ipod au dortoir. Quand même. Comment pouvait-on oublier un truc aussi important ? Penaude, Délia cessa de fourrager dans son sac à main et s’appuya contre le dossier de son siège, écoutant d’une oreille distraite Sheree et Kathryn s’égosiller sur Milan. Tout le monde parlait, criait, chantait et s’amusait. Tout le monde, sauf quelques uns qui arboraient des expressions funéraires particulièrement sombre. Par exemple Léandre Lambert et Abriel Vangmachin.

Elle croisait le regard de l’Italien, calme et posé, assis à côté d’une jeune fille assez ravissante, nommée Alice d’après Sheree. Délia haussa les épaules. Elle vit Yoshio Maeda au loin et rougit furieusement. D’un coin de l’œil, elle remarqua qu’Abriel avait des écouteurs dans les oreilles.

« Ah, tiens, je ne savais pas qu’il avait assez d’argent pour se procurer quelque chose comme ça. »

Elle aurait pu trouver le voyage encore plus palpitant si sa mère n’était pas présente parmi les chaperons désignés. Délia soupira. Elle était sûre que son Ipod était dans son sac, elle l’avait vu dans l’avion.

Milan. De la chair fraîche. De nouvelles jeunes filles à conquérir et avec qui batifoler à l’insu des autres. Souriant, j’observe tout autour. Mais mon regarde se rembrunit lorsqu’il se pose sur Victoria Gomez. Je vais devoir trouver un moyen efficace pour la distraire. Je suis presque sûr qu’elle s’est donné comme mission de protéger l’honneur de toutes les filles présentes dans le bus et même celles que l’on pourrait trouver à Milan.

-Quoique Venise ou Florence aurait été un choix intéressant, dis-je aux deux individus assis devant moi. Ou l’Espagne, les femmes là-bas sont plutôt appétissantes.

Victoria ne se donna pas la peine de répondre à Léandre : elle avait dit avant que l’autobus ne démarre que le trajet durerait un peu moins de deux heures. Et ils venaient à peine de partir. Le calcul n’était pas bien difficile à faire.

L’enseignante se renfrogna sur son siège en entendant la remarque de Raphaël, parfaitement consciente qu’il avait dit cela à voix haute pour qu’elle entende. Elle voulut se retenir de lui lancer une remarque cinglante… ça n’était pas très professionnel. Oh et puis au diable. Tous ses élèves connaissaient leurs petites rixes verbales.

« Pas plus envie que ça de revoir votre patrie... Les italiennes ne sont pas assez faciles pour vous, Raphaël ? C’est pour ça que vous étudiez à l’étranger ? »

- Bah de toutes façons tout le monde sait que ce sont les parisiennes les plus jolies filles d'Europe. Reprit Léandre en haussant les épaules, pas peu fier de son appartenance au pays du fromage et surpris que la prof de philo ne réponde à la remarque du prétendu italien. Avait-il manqué un épisode ?
Il hésita deux secondes à redemander quand est-ce qu'ils arriveraient mais se souvint qu'il avait à faire à la terrible Gomez et qu'il valait mieux se jeter sous les roues du bus que de se faire laminer (verbalement ou physiquement) par une rousse hystérique.

Elle sourit et hocha de la tête en signe d'approbation. Elle était d'accord avec Léandre. En même temps, ils se ressemblaient un peu sur ce point-là, ils adoraient étudier. Cependant, elle n'était pas d'accord sur une chose et lui tira doucement la joue sans lui faire de mal avant de répondre :

"Je ne veux pas coacher quelqu'un de tout raplapla parce qu'il est passer sous les roues d'un autobus mon cher Léandre !"

Humour noir. Yumi était capable de cela ? Apparemment oui. Puis, elle se tourna vers Raphaël et le regarda dans les yeux avant de répondre :

"Venise, ville de l'amour et du carnaval le plus magnifique au monde, en autre. Cela m'aurait plus de la visiter également ! Je penses que les femmes sont belles partout dans le monde ... tout comme les hommes."

Ajouta-elle en direction de Léandre et de Raphaël. Non qu'elle soit une dévoreuse d'homme ou de femme -non, elle s'était plutôt les bouquins en fait mais bon ...- mais c'était ce qu'elle pensait réellement, sans aucune arrière pensée.

[Oups, j’suis en retard. Argh, c'est trop long. ;___; ]


Je détestais ce bruit. Pur immondice à mes oreilles, et ma tête avait du mal à le supporter. Mes yeux voletaient lascivement sur les visages enjoués des personnes présentes. Ah, la jeunesse. Tu n’as que vingt-cinq ans, Moho, ressaisis-toi.
Un éclat de rire me parvins et irradia de douleur mon pauvre crane. Merci, cerveau stupide, de me laisser veiller toute la nuit alors que je n’en ressors jamais indemne. Et je l’avais remarqué ce matin même, en bouclant ma valise : d’épais cernes noirs assombrissaient mes yeux. J’avais dû les masquer avec du maquillage car j’avais fini mon anti-cerne. Maintenant, si quelqu’un se penchais trop sur moi, il pouvait même le remarquer. Pourquoi est-ce que ces satanés cosmétiques doivent-il briller ?

Mon cœur rata un battement. Victoria Gomez, qui devra comme moi surveiller cette cacophonie (et étant la personne dont j'avais le plus peur, actuellement), cria aux élèves une phrase à laquelle je ne voulais même plus penser – et que j’avais aussi oubliée à l’instant même où elle s’assit près de moi. J’aurais pu m’enfoncer dans mon siège, me cacher derrière un élève même, mais ce n’était pas très poli. Et surtout pas très classe.

« Ahem… Bonjour. »

J’avais une de ces voix mal assurée qui aurait pu se briser sous son intimidation. La tête baissée, je contemplais mes genoux tout en écoutant d’une oreille distraite les propos des élèves derrière. J’aurais aimé abandonner. Sortir mon Ipod et un cahier pour écrire ou dessiner. Mais non, j’étais dans l’impossibilité de le faire et si je croisais une fois le regard de ma collègue, je ressortirai peut-être vivant d’une crise cardiaque. Bon, j’imagine que j’exagère.

Ahem, qui sont les plus jolies femmes d'Europe ? Les françaises sont certes très jolies... Si j'avais été dans mon état normal, j'aurais balancé que J'étais incontestablement la plus belle fille d'Europe, pour rigoler, mais là, non, pas avec une personne qu'on surnomme Satan près de moi. Je tenais à la vie.

Victoria se tourna vers son collègue, sereine, un léger sourire flottant sur ses lèvres. En effet, elle trouvait plutôt amusant - peut-être étrange - qu'après un premier tour de bus et un voyage en avion, ce soit maintenant qu'il choisisse de lui dire bonjour. Elle lui rendit la salutation, mais se retrouva hésitante, bien qu'elle n'en laissa rien paraître. En effet, elle n'avait jamais eu de vraie conversation avec son collègue. Le plus qu'elle avait obtenu, c'était des réponses courtes à ses questions directes.

« Est-ce la première fois que vous venez en Italie ? »

Autant continuer avec les questions directes, dans ce cas. On le laisserait les questions à long développement pour un autre jour.

Un sourire particulièrement enjoué étira mes lèvres et illumina mon visage apollinien. D’un mouvement désinvolte de la tête, je chassai quelques mèches rebelles et observai longuement la crinière flamboyante de Madame Victore Gomez. Toujours aussi froide et imposante. J’avais espoir que son tempérament glacial fonde devant la chaleur et la beauté de l’Italie, mais visiblement ce ne fut pas le cas. Eh misère.

-Vous avez bien raison, mademoiselle, toutes les femmes sont belles, mais certaines sont beaucoup plus accessibles que d’autres, dis-je en portant mon attention sur la jeune assise un siège devant moi. Je ne pense que l’on se soit déjà présenté. Vous êtes la petite copine de Léandre?

Mes joues auraient tout simplement pu s’enflammer si je n’avais pas été sur mes gardes. Mais non, j’avais sûrement l’air mal à l’aise, intimidé et mort de peur, mais je ne rougissais pas – ce qui ne saurait tarder. Je m’éclaircis légèrement la voix avant de lui répondre (je n’avais nullement envie de l’entendre se briser au cours d’une phrase). Et puis il fallait que je me donne du courage avant d’adresser la parole à ma collègue. Ca me rappelait que je ne lui avais jamais réellement parlé : les questions n’aboutissaient jamais vraiment à des réponses qui nécessitaient un long développement, et je faisais tout mon possible pour éviter les discussions avec mes ainés.

« Euh, oui, je suis venu en Italie pendant ma jeunesse car mes parents aiment bien faire leurs riches et manger les spécialités d’un pays dans celui-ci et mon père est fou du jambon Italien. » Je levais les yeux au ciel. « Mais j’y suis souvent retourné car j’ai des amis d’origine italienne qui m’invitaient et j’avais du mal à refuser leurs propositions. Si je refusais l’une alors c’était toutes les autres et bon, ils m’en voulaient alors… »

Mais que venais-je de faire ? J’avais eu le courage de m’exprimer devant le Diable ? Mes joues finirent par s’empourprer. J’essayai de m’expliquer en agitant inutilement les bras :

« Désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne voulais pas vous déranger, et puis je sais que ce n’était pas intéressant et… » Je prononçais alors des bafouillages incompréhensibles alors que mes joues viraient au cramoisi.

Je pouvais aussi creuser ma tombe, maintenant. Je venais de ruiner ma vie, ma carrière et mon reste d’amour-propre. Et même ma vie sentimentale, si ça se trouve…

Elle regarda Raphaël dans les yeux comme si elle essayait de voir en lui avant de rougir à ce qu'il venait de dire. Elle hocha négativement de la tête et répondit :

"Léandre et moi sommes simplement ami. Je ne suis pas Parisienne donc ..."

Dit elle pour faire de l'humour. Non, elle aimait quelqu'un d'autres depuis quelques années maintenant. Une personne qui était à Black Velvet et qu'elle connaissait depuis sa petite enfance !

Sans le faire exprès elle entendait également la conversation entre Victoria et Moho mais elle ne répondait pas, cela ne là regardait pas après tout !

- Ch'est pas faux Yumi... Déclara-t-il en faisant la moue tandis que la japonais lui pinçait gentiment la joue.

Il éteignit son Ipod, posa son livre sur le siège d'à côté et tâcha de se concentrer sur le paysage quand il entendit la conversation des deux professeurs juste devant. Il ne put d'ailleurs s'empêcher de ricaner silencieusement en se rendant compte à quel point Victoria Gomez intimidait son (ou sa ?) collègue. Distrait, il ne fit pas attention au début de la question de l'italien et ne comprit qu'on lui parlait toujours que lorsqu'il entendit son prénom.

- Hein ? De quoi ? Oui ?

(Trois mille ans après -.-)


Et voilà, je me retrouvais dans un bus en partance pour Milan. Allez savoir comment. A peine arrivé dans l'établissement, contraint et forcé, on m'avait dit 'voyage scolaire' et fait préparer ma valise. Le gus qui me l'avait annoncé avait même pris le temps de m'adresser un immense sourire et de m'assurer que "je me ferais sans doute des gentils copains !". Je vous cache pas que j'avais eu envie de vomir.

Je jetais un regard circulaire aux alentours. J'occupais deux sièges, alors personne ne venais me parler de façon moult intempestive. Et les autres élèves, sauf exceptions, étaient en pleine conversation sur les plus jolies filles d'Europe. Génial. Une raison de plus de rester en mode asocial.
Je fermais les yeux. On dit que le temps passe plus vite, quand on dort.

Victoria écouta la réponse de son collègue, qui ne pouvait que la surprendre. En moins d'une minute, il lui avait adressé plus de mots que depuis le début de leur relation professionnelle. Et elle devinait son malaise, bien qu'en comprenant mal l'origine. Oui, certes, elle n'était pas sans savoir qu'une réputation dure et sans pitié la précédait dans l'école, mais elle-même ne se trouvait pas si effrayante ... non ?

« Mais voyons, vous ne me dérangez pas. Si c'était le cas, je ne vous aurais pas posé la question. »

Elle essaya de lui sourire, pour le rassurer, mais visiblement ... elle aurait toutes les peines du monde à lui faire tenir une discussion avec elle.

« Pour ma part c'est ma première visite. On dit que c'est un endroit qui déborde de charme. »

-Vous semblez pourtant si proches l’un de l’autre, ajoutai-je en honorant la jeune fille d’un clin d’œil complice, tout en demeurant attentif à la discussion entre Victoria Gomez et son collègue efféminé.

La pauvre chose, on dirait qu’il aimerait se trouver ailleurs que là, installé bien malgré lui aux côtés de cette vipère rousse et hystérique. Quelle magnifique chevelure, quand même. Je n’aurais qu’à tendre la main pour y glisser les doigts. Mais je ne suis pas suicidaire, pas encore.

Délia ne suivait pas du tout la conversation. Elle s’en fichait un peu que les Parisiennes, les Espagnoles ou les Italiennes soient canon. Abriel n’avait pas bougé. Souvent, ses sourcils se fronçaient et un air dégoûté voilait son visage émincé. Comment ce cadavre ambulant et déplaisant avait bien pu se procurer un lecteur de musique. Se mordillant la lèvre inférieure, Délia se leva et se déplaça dans l’allée de l’autobus, non sans écraser au passage quelques pieds imprudents. La jeune fille n’était pas particulièrement habile sur ses pieds, encore moins dans un véhicule en marche.

-Oups, pardon, marmonna-t-elle à un garçon à la chevelure noire qui n’avait pas vraiment l’air d’un enfant de cœur.

Abriel n'avait rien suivi de la discussion de ses camarades. Il s'en fichait bien de ce qu'ils pouvaient avoir à se dire, n'eut-ce été qu'un commentaire sur le paysage. Loin de tout le monde et coupé du bruit, il aurait presque été bien si ce n'avait été de cette musique pop-électro-dub-n'importe quoi qui lui cassait les oreilles ... à l'image de sa propriétaire. Il eut pour lui-même, en pensant à elle, un petit sourire amusé.

Il sentit un mouvement sur le siège à côté de lui. Ouvrant un oeil, il découvrit que Délia venait de le rejoindre. Il retira les écouteurs de ses oreilles et les tendit à la jeune fille avec un air un peu dégoûté.

« Tiens. Je croyais pouvoir me distraire des conversations mais maintenant j'ai besoin de me distraire de cette musique. »

-Je te sauve la vie et toi, tout ce que tu réussis à faire pour me remercier est de me voler ? lui reprocha-t-elle en le dévisageant.

Ah, ce type, quand même. Et comment ça, se distraire? Plutôt la juger, d’après le regard qu’il lui lançait. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’il faisait ici, dans ce voyage scolaire, où il semblait joliment s’emmerder. Un éclat de Yoshio Maeda attira son attention un instant. Ils ne s’étaient pas reparlés depuis ce fameux moment dans le couloir, devant les vestiaires… Délia rougit.

-Pourquoi t'es venu ? T'as pas l'air voyage scolaire et tout et tout.

Ne comprenant pas les insinuations de l'italien appuyées par un clin d'oeil louche, Léandre jeta un regard interrogatif à sa camarade de classe japonaise puis répondit au pif :

- Bin euh. On est dans la même classe ?

Ce fut à ce moment qu'intervint Yoshio, placé plus loin. Occasion rêvée de tâcler verbalement son petit punching ball verbal préféré :

- Yo, Yoshio, si tu veux te joindre à la conversation il suffit de le faire savoir gentiment au lieu de t'en prendre à Raphaël. Jaloux ?