Warning Sign [pv Avril]

Un murmure de désapprobation accompagna l’entrée de l’adolescent dans le secrétariat. Les deux secrétaires levèrent les yeux et le toisèrent avec un mépris évident, se demandant laquelle d’entre elles il allait importuner. Ça n’était pas qu’il vint souvent, ça n’était pas non plus qu’elles eurent su qui il était réellement. Non. Seulement, il ne ressemblait à aucun autre élève de l’école, que ce fut par son habillement, par sa posture, mais surtout par ce qui se dégageait de lui ; quelque chose de lourd qui ne pouvait être identifié avec certitude. De son pas pesant, l’adolescent alla au premier guichet annonça qu’il venait voir la direction. La secrétaire bafouilla un peu avant de lui répondre.

« C’est qu’actuellement, messieurs Watson sont en entretien avec une enseignante. Et à deux heures, ils ont déjà un rendez-vous de fixé. Je crains que vous ne deviez prendre un rendez-vous et revenir un autre… »

Il l’arrêta. Dit qu’il pouvait attendre et que de toute façon, c’était Ken Watson lui-même qui lui avait dit de venir à deux heures. La secrétaire bafouilla à nouveau quelque chose d’absolument incompréhensible, mais il devina qu’elle lui proposait de s’asseoir sur un banc dans le couloir, parce qu’elle lui indiquait cette direction du doigt. Abriel ne se fit pas prier. Il sortit et alla s’asseoir. Par la large fenêtre du secrétariat, il pouvait voir les deux secrétaires qui discutaient à voix basse et échangeaient des signes discrets, lui lançant quelques regards à l’occasion. Il les ignora, planta son propre regard autre part. Il s’égara bien vite dans ses pensées, mais il ne fallut pas beaucoup plus de temps pour être déconcentré. Un tourbillon de couleur passa devant lui, le perturbant légèrement. Il suivit du regard une imposante masse de cheveux roses qui venait d’entrer dans le secrétariat. Il s’agissait de cette jeune ville, Avril Blackwood, dont le nom ne lui était pas sorti de la tête – tout comme l’arrière goût de leur rencontre n’avait pas encore quitté sa bouche. Il n’entendait pas ce qui se disait à l’intérieur. Tout ce qu’il vit c’est qu’après une courte discussion avec la secrétaire, Blackwood avait tourné les talons avec un air contrarié et s’était dirigée vers le couloir pour s’asseoir elle aussi, et attendre qu’on daigne la recevoir.

Abriel la regarda un moment, toujours étonné que cette fille soit encore debout et que personne ne lui ait cassé la gueule. Depuis qu’il était ici, il avait eu le loisir de l’entendre parler, malgré lui, lorsqu’elle s’adressait à ses amies. Sa voix était insupportable, sa personnalité – si existante – était tout aussi désagréable. Il se demandait sincèrement comment elle pouvait avoir gagné ce statut qui semblait si cher à ses yeux. Décidemment, les mœurs de la jeunesse dorée étaient un mystère pour lui. Il détourna finalement la tête, fixant le fond du secrétariat distraitement, raisonnablement amusé par les regards visiblement ennuyés de la jeune fille à côté de lui. Cette capacité qu’elle avait à être contrariée par sa simple présence … c’était à se demander ce qu’il avait fait, cette fois. Il avait le pressentiment qu’elle ne resterait pas muette sur ce point bien longtemps et serait ravie de le lui remettre sous le nez.

La matinée avait été bonne, comme d'habitude, Avril avait réussi ses devoirs, qu'ils soient sur table ou à rendre, elle avait aussi réussi à s'avancer sur ses prochains travaux à rendre. Tout était absolument parfait en cette matinée, même le temps était radieux, ce qui était plutôt rare en Angleterre où d'habitude la pluie régnait en maître. Avril quitta le self, laissant les filles entre elles, cette après midi, non seulement la jeune femme n'avait pas cours grâce à un professeur en arrêt maladie mais en plus elle avait rendez vous avec l'un des directeur. Après cette entrevue, elle pourrait retourner à l'internat histoire de travailler encore, un peu et ensuite rejoindre Charlotte et Harmony pour une petite sortie entre bonne vieilles copines. Il était à peu près 13h50 lorsqu'Avril franchit les portes du secrétariat, comme d'habitude celle-ci était arrivée en avance. Avec un grand sourire aux lèvres, elle se dirigea vers les deux secrétaires, qui lui adréssèrent un accueil chaleureux.

"Mademoiselle Blackwood ! Comment allez vous?"

Avril répondit courtoisement à sa question et sortit de son sac un main un paquet de macaron joliment emballé, qu'elle tendit aux deux secrétaires qui regardèrent le paquet avec envie. Il avait était facile de sympathiser avec ces deux femmes, à chaque fois qu'Avril avait rendez vous, elle ne manquait jamais une occasion de leurs amener quelques douceurs.

"Mon père en a ramener plusieurs boîtes de Paris, ils sont délicieux....J'ai rendez vous avec Ken Watson à 14h00."

L'une des secrétaires lui expliqua qu'il était en rendez vous mais qu'il ne tarderait pas à la recevoir. Cette réponse déplu à Avril qui avait l'habitude d'être reçu tout de suite mais elle hocha la tête et tourna les talons comme ci de rien était. Elle fit quelques pas avant de se rendre compte qu'un point noir allait lui gâcher son après midi. Abriel était assis et semblait attendre lui aussi (elle avait pu se renseigner sur lui depuis la dernière fois), elle resta cependant muette et alla s'asseoir loin de cet homme. Avril ne fit tout d'abord pas attention à lui, préférant attendre que les deux secrétaires aillent se cacher pour manger leurs macarons en paix (oui elles faisaient toujours ça pour éviter que quelqu'un ne fasse de remarque sur leurs régimes). Avril sortit un magazine de son sac et commença à le lire tout en commençant à parler.

"Quel adorable rencontre.....Je me demande ce que tu as pu faire pour être convoqué chez les directeurs si vite...Est ce le propriétaire du mp3 qui est venu se plaindre?." Demanda t-elle sans lever les yeux.

A moins que le téléphone ne se mette à sonner, les deux mégères n'allaient pas revenir avant un petit moment, elle avait donc tout son temps pour embêter le garçon qu'elle avait rencontré l'autre jour.

L’adolescent avait observe le manège de la jeune fille avec les deux secretaries. Cette attitude le surprenait à peine : elle était bien la lèche-cul qu’il avait imaginée qu’elle était. Encore un comportement qu’Abriel ne comprenait pas. Il ne passa aucun commentaire. Les moqueries et les pensées du jeune homme restaient le plus souvent bien enfouies dans sa tête.

"Quel adorable rencontre.....Je me demande ce que tu as pu faire pour être convoqué chez les directeurs si vite...Est ce le propriétaire du mp3 qui est venu se plaindre?."

Pourquoi … C’était le mot qui lui venait. Pourquoi, si elle lui portait autant de dédain qu’elle pouvait le montrer … pourquoi s’entêtait-elle à engager la conversation avec lui ? Enfin … si on pouvait appeler cela faire la conversation. Cela s’annonçait surtout, pour l’adolescent, comme un échange verbal vain et qui se révèlerait en queue de poisson, sans vainqueur, et surtout sans vaincu. Conscient de sa capacité à agacer les gens par ses réponses franches et désarmantes, il fit ce que personne n’aurait la folie de faire, dans ce contexte.

« Ça m’étonnerait. Je l’ai volé avant qu’on me transfère ici. Peu de chance que le mec me retrouve et me dénonce, tu vois. »

Et il lui lança un clin d’œil, comme si elle était à présent complice de son crime. Crime, tu parles ! pensa-t-il. Le mec à qui il l’avait pris était plein aux as. Il devait avoir cinquante fois les moyens de se payer un lecteur mp3 plus performant que celui qu’il lui avait piqué. Et même si le type avait été du même milieu que lui, Abriel n’aurait pas plus pensé que c’était un crime. Depuis tout petit, tout ce qu’il avait possédé, il avait fallu qu’il se le procure lui-même parce que sa mère refusait de payer quelque chose à un morveux. Il renifla en pressant une de ses narines avec le revers de son pouce : vieille habitude dont il n’arrivait pas à se débarrasser. Encore eut-il fallu qu’il ait envie de s’en débarrasser.

« Et toi, princesse ? T’essaies d’atteindre ton quota de culs à lécher pour la semaine ? »

C’était dit sur un ton calme, plat. Comme s’il s’agissait d’une formalité, d’une affirmation convenant à cette situation. Cela lui semblait juste, en effet, puisqu’il s’imaginait que c’était effectivement ce qu’elle venait faire. Après l’avoir vue tortiller avec sa boîte de chocolats, il fallait pas chercher de midi à quatorze heure, quoi !

blockquote>Le lycée était grand et pourtant il fallait qu'elle tombe à nouveau sur lui, c'était sûr l'attente risquait d'être longue...Très longue, Avril continua tranquillement de feuilleté son magazine tout en écoutant répondre l'adolescent qui comme elle le pensait le mâchât pas ses mots.

« Ça m’étonnerait. Je l’ai volé avant qu’on me transfère ici. Peu de chance que le mec me retrouve et me dénonce, tu vois. »

Dommage...Cela aurait pu lui être utile, elle aurait pu l'accuser de vol et le faire virer de cette école qui était vraiment trop bien pour lui, d'ailleurs la jeune femme se demandait comment un boursier avec aussi peu de manière (elle est persuadée qu'il est élève boursier)avait pu se retrouver ici...

"C'est qu'en plus tu avoues ton crime, dommage qu'il n'y est pas de témoin dans la pièce...."

Son portable se mit à vibrer, la jeune femme regarda le nom de la personne qui était en train d'appeler et ne pu s'empêcher de faire une grimace en voyant apparaître sur son téléphone "Maman". Avril raccrocha immédiatement et sans aucun remord au nez de sa mère, elle ne savait pas ce qu'elle lui voulait mais été sûre d'une chose, c'est qu'elle ne voulait certainement pas lui parler.

*Il va vraiment falloir que je change de numéro....N'importe qui ce met à m'appeler maintenant.*

Avril sombra quelques instants dans ses pensées et n'en ressortit que lorsqu'Abriel reprit la parole, d'ailleurs elle n'avait pas tout entendu mais les rares mots qu'elle avait pu enregistrer dans sa tête était tout bonnement vulgaire.

« Et toi, princesse ? T’essaies d’atteindre ton quota de culs à lécher pour la semaine ? »

"Que tu es vulgaire ! Je n'ai largement pas besoin de faire la lèche botte lorsque l'on est issu de mon milieu on a pas besoin de faire ce genre de chose."

Avril regarda sa montre agacée, évidement il fallait que le jour de son rendez vous avec l'un des directeurs, celle-ci soit coincée avec Abriel, qu'elle poisse ! La jeune femme se mit à regarder le bureau des secrétaires, celles-ci n'étaient toujours pas revenue de leur cachette, si elles avaient été là, elles auraient au moins pu la renseigner.

"Ce n'est pas que sa m'intéresse mais à quel heure et avec qui as tu rendez vous?"

Lui, vulgaire ? Oui, sans doute, songea-t-il en hochant doucement la tête à ce propos. On ne l’avait pas élevé dans la dentelle, lui. Pas besoin de faire la lèche-cul ? C’était probablement ce qu’il avait entendu de plus illogique depuis qu’il était ici. Si elle n’avait pas besoin de faire de la lèche, alors pourquoi cette boîte de chocolats pour les secrétaires et ses petites manières de fillette dès qu’elle se trouvait dans la mire d’un membre du personnel alors qu’elle était, Abriel en était sûr, une véritable vipère ne vivant que pour elle-même ? Il la vit regarder sa montre. Ou elle était pressée, ou elle se demandait combien de temps encore avant qu’il ne s’en aille.

« Ce n'est pas que sa m'intéresse mais à quel heure et avec qui as-tu rendez-vous? »

En effet, il doutait que ça puisse l’intéresser réellement, sauf dans la mesure où, comme il le croyait, elle espérait le voir disparaitre au plus vite. Il haussa les épaules.

« Deux heures, j’crois bien. C’est Watson premier qui m’a convoqué. J’sais pas si je vais avoir droit à Watson second en bonus. »

Il pouvait parfaitement se passer d’une deuxième voix qui, selon ce qu’il avait observé depuis son arrivée, ne faisait que marmonner des acquiescements aux propos du premier directeur. Il avait bien cerné les deux frères. Ken, le plus âgé, avait franchement une dent contre lui et sauterait sur n’importe quelle occasion de le faire virer. Nataniel, lui, semblait éprouver une certaine sympathie pour lui, ou alors c’était de la pitié. Quoi qu’il en soit, il ne le détestait pas d’emblée mais semblait seulement se méfier de lui. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, Abriel préférait de loin le premier des deux, avec qui il partageait l’opinion qu’il n’avait pas sa place ici. Et … il fallait bien l’admettre : princesse Blackwood aussi partageait son avis. Ça leur faisait un point en commun. Il esquissa un sourire amer, du coin des lèvres, qui s’effaça aussitôt. Il se pencha brusquement sur le côté de manière à voir ce qui se tramait sur la montre de l’étudiante, resta immobile un petit instant puis reprit sa position initiale, étalant ses jambes devant lui.

« Eh ben Watson aime bien se faire désirer, on dirait. »

14h00? Il se fichait d'elle? Impossible ! Pourquoi le directeur l'avait convoquée à la même heure que celui-ci? Pas de panique ! Cela devait être une erreur, du moins la jeune femme l’espérait vraiment. Les minutes passaient tranquillement et la jeune femme commençait à s'impatienter, qu'est ce qu'il fabriquait? Ce n'était pas dans ses habitudes de faire attendre les élèves, surtout lorsque ceux ci étaient en de mauvaise compagnie....

« Eh ben Watson aime bien se faire désirer, on dirait. »

Sur ce point, Avril était d'accord avec lui, d'ailleurs cette remarque lui arracha un faible sourire malgré elle. Quelques instants plus tard, la porte du bureau finit par s'ouvrir et le directeur Watson arriva enfin. L'homme chercha du regard ses secrétaires qui n'étaient pas encore revenu et lança un regard interrogateur vers les deux élèves. Ce fut Avril qui se chargea de lui répondre.

"Elles viennent de partir vérifier certaines papiers administratifs qui n'étaient pas rangés à leurs places." Dit elle de la façon la plus naturelle du monde tout en ce levant.

Le directeur sembla légèrement contrarié mais il ne s'attarda pas à cela et demanda à la jeune femme d'attendre encore un peu le temps qu'il s'entretienne d'abord avec Abriel.

"Pas de soucis." Dit elle avec un grand sourire

Après tout elle était depuis un petit moment attendre encore un peu ne changerais rien, de plus elle allait enfin pouvoir être tranquille.

[Désolée c'est court je me rattrape la prochaine fois x.x]

Spoiler:

Peu de temps après la Remarque d’Abriel, la porte du bureau s’ouvrit. Eh bien, songea-t-il, c’était pas trop tôt. C’est pas comme s’il avait que ça à faire … enfin, d’une certaine manière, c’était tout de même un peu le cas. Mais on n’allait pas jouer sur les mots. Abriel n’attendit pas d’être invité à se lever pour le faire, et n’attendit pas non plus qu’on l’invite à entrer dans le bureau. Il contourna le directeur et alla s’asseoir sur une chaise pendant que Watson premier demandait à Blackwood de patienter. Watson second était déjà à l’intérieur et lui accorda un bref hochement de tête en guise de salut. Quelques secondes après, la porte se ferma et l’aîné vint s’asseoir en face de lui.

« Vaughan, je n’irai pas par quatre chemin. Nous avons longuement discuté avec les initiateurs du projet Rusty Nail … »

La paupière d’Abriel tiqua. Quel nom à donner à un programme de seconde chance … Rusty Nail. Clou rouillé. Abriel Vaughan : le clou rouillé enfoncé dans le pied de la société. Très flatteur pour les bénéficiaires du programme. Son regard croisa celui de Watson junior, qui le regardait avec un air coupable.

«Il nous apparait clairement que nous n’avons aucun moyen de vous mettre à la porte, peu importe ce que vous faites. La seule circonstance où cela s’avérerait possible serait dans le cas où vous attenteriez à la vie d’un étudiant et …»

« C’est une suggestion ? » demanda Abriel avec une ironie non camouflée.

« … et c’est absolument hors de question que nous considérions cela. Nous n’avons pas le choix de vous tolérer parmi nous, Vaughan. Du moins jusqu’à ce que la justice vous envoie en prison, ce qui ne saurait tarder vu votre âge. Toutefois pour le temps que vous passerez ici, vous serez surveillé, et aucun passe-droit ne vous sera accordé. Le code de l’école s’applique autant à vous qu’à tout le monde et le moindre comportement inapproprié sera sévèrement puni. Suis-je clair ? »

Abriel songea que c’était un moment approprié pour se taire et ne rien ajouter. Watson sembla en éprouver un léger inconfort et bougea sur sa chaise. L’adolescent aurait pu leur dire que son séjour ici ne lui plaisait pas plus qu’à eux, mais à quoi bon ?

« Enfin … quoi qu’il en soit, jusqu’à ce que la justice vienne vous arracher à nous, vous êtes un élève de Black Velvet et serez traité comme tel. Nous vous demanderons un minimum de coopération. »

Watson se leva et tendit avec réticence la main par-dessus le bureau, comme pour sceller un pacte avec le jeune. Mais celui-ci considéra la main en silence, arqua un sourcil et se leva sans un mot avant de se diriger vers la porte. Une fois dans le couloir, son regard croisa celui d’Avril, qui se levait pour répondre à l’invitation du directeur. Mais avant qu’Abriel eu pu disparaitre dans le couloir, la voix du directeur se fit entendre et lui demanda – suggéra fortement – de rester un instant à attendre. L’adolescent grommela entre ses dents et revint sur ses pas pour s’affaler, encore une fois, dans le même fauteuil du secrétariat, avec un long soupire.

Avril attendit donc que les directeurs finissent avec Abriel, elle ne savait absolument pas pourquoi celui-ci avait été convoqué, mais cependant, elle se doutait un peu du motif, un gars comme lui avait surement manqué de respect à un élève ou c'était fait prendre en train de voler ! Cependant elle était tout de même intriguée et se demandait pourquoi les directeurs lui avaient demandée d'attendre, généralement elle passait souvent avant les autres. Finalement après quelques minutes qui ne furent pas si longues que ça, la porte s'ouvrit de nouveau et Avril regard Abriel en sortir, la jeune femme lui envoya pour la première fois un regard qui n'était pas chargé de haine ou de colère, il était plutôt.....Neutre. La jeune femme se leva et le directeur l'invita à entrer dans le bureau. Tout de même il était temps ! Encore un peu plus et la jeune femme aurait été retrouvée complètement fusionnée avec le fauteuil.

Avril entendit cependant le directeur demander à Abriel de rester encore un peu, alors que celui-ci s'apprêtait à partir, pourquoi cela? Ils ne lui avaient pas tout dit? La jeune femme lança un regard interrogateur vers l'intéressé mais ne pu l'apercevoir, la porte se referma et la demoiselle se retrouva seule à seule avec les deux directeurs.

"Bonjour Avril, je t'en prie assis toi."

La jeune femme sortit de sa petite transe et secoua la tête comme pour remettre ses esprits en place, elle salua poliment les deux hommes et s'assit face au bureau, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle était ici peut être était ce pour la féliciter de ses notes? Non impossible ils ne convoquaient pas les élèves pour des notes, seulement lorsqu'il s'agissait de chose très importante.

"Bien, nous avons discutés mon frère et moi et nous pensons que tu peux nous aider, je pense que tu connais déjà le jeune garçon qui se trouve dans le couloir?"

Avril ne put s'empêcher de croiser ses bras mal à l'aise, oui elle le connaissait, la jeune femme avait eu l'occasion de le croiser plus d'une fois maintenant. Cependant, elle fit comme ci de rien était et se mit à sourire.

"Hum....Nous avons eu l'occasion de nous croiser il me semble."

"Nous savons que tu es une élève modèle, tu arrives à l'heure, tu es polie, serviable et tes notes sont excellente, c'est pourquoi nous aurions un service à te demander, au vue de ta popularité nous aimerions que tu aides Abriel à s'intégrer."

Hein? Ils étaient sérieux? Impossible ! Elle avait dut mal entendre, ils voulaient réellement qu'elle aide à intégrer, cette...ce gars? Avril se pinça les lèvres, elle ne savait pas vraiment quoi répondre, il était claire qu'un service demander par les directeurs ne pouvaient se refuser, cependant elle n'avait aucune envie de jouer les nounous.

"Heu....Eh bien.......Si ça peut vous rendre service..." Dit elle d'une voie presque inaudible

"Magnifique ! Tu nous rends un grand service Avril."

Ah ça, ils pouvaient être reconnaissant, ils ne savait vraiment pas ce qu'ils demandaient à la jeune femme. Bref, l'un des directeurs se dirigea vers la porte du bureau et appela Abriel qui était en train d'attendre, il lui demanda de venir.

Non. Non. Non. Et non. C’était tout simplement hors de question. Dans la tête d’Abriel, celui-ci s’agitait et faisait des signes pour que cette situation soit évitée. La prison plutôt que de devoir suivre cette fille partout, la voir discuter avec les autres plaies qui lui servaient d’amies … Non. Et ça ne faisait pas plus plaisir à Blackwood qu’à lui. Pendant un instant, il eut l’espoir qu’elle dise quelque chose, lui lança un regard mi-féroce mi-anxieux pour qu’elle réagisse et s’objecte farouchement. Mais elle ne le regardait pas à cet instant et les mots terribles s’étaient élevés dans le bureau :

« Heu....Eh bien.......Si ça peut vous rendre service... »

Non. Non. Non. Impossible. C’était tout ? Pas de plaintes, pas de phrases mielleuses pour faire croire à ces deux abrutis qu’elle avait autre chose à faire que de traîner avec lui ? Pas de regards humide et suppliant pour s’éloigner de cette tâche, la refiler à quelqu’un d’autre ? Franchement, il était surpris. Il aurait cru qu’elle pouvait sans doute faire pencher la balance du bon côté, étant donné qu’elle s’achetait les bonnes grâces de tout le monde et ne voulait sûrement pas être vue en sa compagnie. Non. Rien de tout ça. Il la regarda froidement, déçu. Oui. Il avait nourri quelques espoirs à l’endroit de cette fille, mais c’était terminé. L’aîné des Watson s’était levé et avait ouvert la porte. Abriel ne bougea pas de son siège, fixa son regard dans celui du frère cadet.

« J’ai déjà visité l’école. J’ai pas b’soin d’un guide. On m’a expliqué déjà les trucs dont je pourrais avoir besoin, et j’ai aucune bon dieu d’envie de m’intégrer ici. J’en ai pas besoin, et vos élèves en ont pas plus envie que moi. Blackwood la première.»

Il sentit que tous les regards étaient sur lui. Dans son dos, il sentait bien que Ken Watson était furieux qu’on discute ses décisions. Il ne devait pas en avoir l’habitude. Eh bien Abriel s’en fichait. Les gens avec qui on ne discutait pas étaient les plus satisfaisants à contredire.

« Nous venons à peine d’en discuter, Vaughan. Nous avions convenu que vous y mettriez du vôtre. »

Abriel resta un moment silencieux. Un autre inconvénient de sa manie à garder le silence : les gens prenaient toujours pour acquis que qui ne dit mon consent. Ne pouvaient-ils pas apprendre à lire ce qui se passait sur son visage ? Il lui semblait pourtant que son désaccord était évident … Il soupira.

« Pour le temps que je vais passer ici de toute façon… »

Et sur ses mots il se leva brusquement et contourna le directeur sans manquer de le bousculer légèrement avec son épaule. Les deux hommes avaient blêmi devant ce qu’il venait de dire. Ils ne devaient pas apprécier une référence aussi directe à la durée et, sous-entendu, à la raison de son séjour ici. Pas devant d’autres personnes qu’eux-mêmes. En passant dans le secrétariat, il remarqua que les deux secrétaires étaient revenues et que la poubelle s’était garnie de deux boîtes de chocolat. Vraiment …

Bon sang, qu'elle bêtise était elle en train de commettre? Cette tâche était une véritable punition et pourtant, celle-ci venait de l'accepter, Blackwood ! Tu te relâcheeesss !! Enfin bref, une fois avoir dit oui Avril ne pouvait plus revenir en arrière surtout lorsqu'il s'agissait des deux directeurs...Elle savait que Ken Watson refuserai d qu'elle revienne sur ses paroles, quand à Nathaniel.....Eh bien c'était autre chose, s'il avait était seule, celle-ci aurait pu le faire dire oui grâce à son regard de biche. Mais bon, tant pis, Avril serait obligée de prendre sur elle. D'ailleurs, comme elle le pensait, Abriel n'était lui non plus pas très content de cette décision et n'hésita d'ailleurs à le dire.

« J’ai déjà visité l’école. J’ai pas b’soin d’un guide. On m’a expliqué déjà les trucs dont je pourrais avoir besoin, et j’ai aucune bon dieu d’envie de m’intégrer ici. J’en ai pas besoin, et vos élèves en ont pas plus envie que moi. Blackwood la première.»

Avril lui lança un regard par dessus son épaule, on pouvait lui reprocher pas mal de chose à cet élève mais au moins, il était franc. La jeune femme lança un bref regard aux deux directeurs, Ken avait les joues rouges et il semblait plutôt énervé, cela pouvait évidement se comprendre, peu de gens discutaient son autorité. Après quelques bref dernière parole, Abriel disparut, bousculant le directeur au passage, Avril fit des yeux ronds, il était timbré de manquer ainsi de respect à une personne qui représentait l'autorité de l'établissement. La jeune femme fixa le directeur qui contenait tant bien que mal sa colère, même elle qui aimait être témoin de ce genre d'événement était gênée. Bref, celle-ci se leva et se plaça devant le directeur pour l'inciter à regarder ailleurs que l'élève qui partait.

"Ne vous inquiétez pas je m'en occupe....Enfin, je vais faire de mon mieux du moins mais je ne promet rien."

Le regard de Ken ce posa finalement sur Avril, il était toujours en colère, mais la jeune femme cru apercevoir une étincelle de soulagement, il hocha finalement la tête et décocha un sourire fatigué.

"Merci Avril...Fais de ton mieux et si jamais il y a quelque chose......"

La jeune femme lui lança un regard lui demandant de continuer, mais Ken sembla figé dans ses pensées, avant finalement de se détourner et de revenir vers son bureau.

"Non rien....Tu peux t'en aller."

Avril salua les deux directeurs et sortit du bureau sans oublier de saluer les deux secrétaires qui étaient finalement revenu, la jeune femme ne manqua d'ailleurs pas de lança un léger regard en direction de la poubelle dont les restes de la boîtes de chocolat reposait.

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